Timothée Buisson : une « Joyeuse Vadrouille » en famille

Sophie
20/1/2024
Lecture 11 min.

C’est l’histoire de Timothée, Amandine et leur petite fille, Lou, de 2 ans. L’histoire d’une reconnexion à la nature, à la famille et au temps. Celui d’une traversée de la France à vélo de Bordeaux à Genève. De cette belle aventure familiale, Timothée nous livre un film, « La Joyeuse vadrouille », prouvant à tous ceux qui pourraient en douter que l’on peut bien partir à l’aventure à vélo avec un enfant de 2 ans. À condition quand même de savoir s’adapter !

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Tim : J’ai 35 ans, je suis réalisateur et photographe depuis un peu plus de 10 ans, je suis installé à Bordeaux. Amandine partage ma vie depuis 6 ans, et nous avons une fille prénommée Lou qui à 3 ans dorénavant !

Quelle est ton histoire avec le vélo ?

Tim : J’ai toujours aimé faire du vélo, j’ai grandi à la campagne et j’ai toujours eu l’habitude de me déplacer à vélo. Quand j’ai rencontré Amandine, elle avait déjà fait un voyage à vélo aux Etats-Unis, entre Los Angeles et San Francisco. Elle m’a demandé si ça me tentait qu’on passe nos premières vacances ensemble à vélo. Et ça l’a fait ! Dorénavant, je fais tout à vélo et en train, y compris mes reportages photos, mes tournages (dans la mesure du possible). Je suis soit en vélo de route, soit en vélo d’aventure, soit en vélo pliant, soit en vélo cargo. Je n’ai pas de voiture.

Avant le périple de l’été 2022 en famille à vélo, avais-tu déjà réalisé des voyages à vélo en France ?

Tim : J’ai commencé le voyage à vélo en 2017 ou 2018. D’abord par de petits week-ends aux alentours de Bordeaux, puis en voyage par le classique Canal du Midi. En 2019, nous avons voyagé à vélo au Québec. Lorsque notre fille est née en 2020, nous l’avons emmenée en balade pendant ses premiers mois. Et lorsqu’elle a eu 10 mois, on a commencé à l’emmener en week-end sous la tente, et à 1 an nous avons fait un premier trip pendant 3 semaines environ ! On y est allé progressivement mais sûrement.

Comment est née l’idée de ce voyage à vélo en famille et pourquoi l’itinéraire de Bordeaux à Genève ?

Tim : À la naissance de notre fille, il n'était pas envisageable pour nous de mettre notre façon de voyager entre parenthèses, nous avons voulu l’intégrer à notre mode de vie. Pendant la grossesse d’Amandine, on n’a pas arrêté de se renseigner sur la façon de voyager à vélo avec un bébé. En plus de ça, Amandine et moi avions toujours nourri l’ambition de réaliser un voyage au long cours (même si ce qui définit le long cours est subjectif), lorsque nous en avons eu l’opportunité, nous avons alors décidé que nous partirions pendant l’été. L’itinéraire n’était pas vraiment tracé, nous faisions cela au fur et à mesure. L’idée était simplement de partir de chez nous et de rendre visite à une amie qui venait d’emménager à Genève. Au final, on a parcouru 1000 km en deux mois !

Quelle région ou lieux sur la route vous ont marqués ? 

Tim : Pour ma part, j’ai été globalement séduit par la plupart des routes et chemins que nous avons parcourus. La vallée du Lot est sublime, les Causses du Quercy également, l’Ardèche nous en a aussi mis plein les yeux et enfin j’ai eu un gros coup de cœur pour le Vercors.

Quel a été le plus difficile pendant ce voyage ?

Tim : Les difficultés, elles, sont relativement simples lorsqu’on voyage à vélo. Simple dans le sens où avec un enfant ça relève des mêmes enjeux qu’au quotidien, c’est-à-dire principalement la gestion de la fatigue et du sommeil. Il a évidemment fait particulièrement chaud cet été là, mais comme tous les étés à venir dorénavant. Nous avons donc appris à nous adapter aux conditions extérieures, à chercher la bonne ombre. Les écarts météorologiques sont importants, soudains et imprévisibles, nous avons subi des pluies torrentielles et des orages importants à la fin de notre périple.

Qu’est-ce que vous a apporté ce voyage à vélo en famille ? 

Tim : À titre personnel, ce voyage m’a permis de me rapprocher de ma fille. Non pas que j’en étais éloigné, mais dans notre quotidien, on ne passe pas deux mois d'affilée collés à elle 24/24. Ça nous a rapprochés tous les trois, et j’ai le sentiment que nous sommes depuis ce voyage plus fusionnels qu’avant. Une vraie tribu en somme ! Pour ce qui est des avantages à voyager à vélo, il y en a beaucoup. Partir à vélo, ne serait-ce qu’un week-end ou une semaine, c’est un moyen de. voyager peu onéreux. Malheureusement, je trouve que le voyage à vélo manque encore d’inclusivité de ce point de vue là. La mise en valeur du voyage à vélo est souvent orientée, à savoir vendre quelque chose derrière de la part des marques, du matériel par exemple. Il faut bien se dire que l’on peut partir à vélo en étant équipé modestement, on peut loger dans des campings qui sont accessibles. Et surtout c’est un moyen de s’ouvrir aux autres, de sortir de notre schéma, de nos habitudes. On rencontre des gens qu’on ne rencontrerait pas rencontrer dans notre quotidien, ou plus difficilement.

Que dirais-tu à une famille qui aimerait se lancer dans un périple similaire mais qui est novice en la matière ?

Tim : De foncer, partez le temps d’une journée, puis d’un week-end et le reste viendra tout seul. Nul besoin d’être suréquipé, le voyage à vélo remet l’église au centre du village en termes de confort, de besoins. Si vous avez le ventre plein et que vous dormez la nuit. Vous avez à peu près tout ce dont vous avez besoin. Un autre conseil que je trouve important, c’est de ne pas céder aux sirènes des réseaux sociaux. Même si le partage d’images permet d’éveiller l’envie de voyager, il ne doit cependant pas vous enfermer et vous créer des attentes. Lorsque l’on part en voyage à vélo, il est important de ne rien attendre si ce n’est que d’arriver à bon port. C’est la clef pour passer un bon moment je crois.

L’idée du film, « La joyeuse vadrouille », est venue naturellement parce que c’est ton métier ?

Tim : Étant réalisateur, oui j’ai eu envie de documenter cette aventure. J’ai eu la chance en 2022 d’être ambassadeur pour Riverside, la gamme de vélos d’aventure de Décathlon (on en revient à vendre des choses…) et ils ont proposé de nous soutenir pour réaliser ce voyage. C’est un travail difficile de faire la dissociation permanente entre son intimité, l’histoire que l’on à envie de raconter ou tout simplement de profiter de ce que le voyage a à offrir.

Comment les gens peuvent-ils voir ce film ? Dans des festivals ?

Tim : Le film tourne actuellement en projection, j’ai eu envie que le film crée de la rencontre et du dialogue plutôt que de le noyer dans le flux d’internet et que sa vie soit courte. Il y a aussi des festivals. Les prochaines dates sont Bordeaux, Mérignac, Nice et Lyon.

Bande annonce La Joyeuse Vadrouille

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Sophie
Ecrit pour Itinérances. Le blog du voyage en quête de sens

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