En famille en Camargue et dans les Alpilles à vélo électrique : deux expériences inoubliables en un seul voyage

Alexandre
23/11/2024
Lecture 11 min.

Entre terres sauvages et patrimoine historique, notre périple à vélo électrique nous a menés à travers les paysages enchanteurs de la Camargue et des Alpilles. Un voyage où nature, culture et aventure se sont entremêlées pour créer des souvenirs impérissables.

Entre terres sauvages et patrimoine historique, notre périple à vélo électrique nous a menés à travers les paysages enchanteurs de la Camargue et des Alpilles. Nous connaissions déjà ces territoires, mais c'est la première fois que nous avons pédalé une semaine durant dans ce coin de Provence. Un voyage où nature, culture et aventure se sont entremêlées pour créer des souvenirs impérissables.

Jour 1 : Arles la majestueuse 

Le soleil se couchait sur les pierres dorées d'Arles lorsque nous sommes arrivés dans cette cité antique. Quel bonheur de retrouver cette ville qu’on aime tant. Les ruelles étroites du centre historique nous ont aussitôt transportés dans un autre temps. Notre première soirée fut consacrée à une promenade dans le centre historique, où chaque coin de rue raconte une histoire millénaire.

L'amphithéâtre romain, imposant témoin de l'histoire, se dressait fièrement devant nous, tout comme le théâtre antique, plus intime.

La place du Forum, immortalisée par Van Gogh, vibre encore de l'énergie des terrasses de café. Nous avons terminé cette première journée par un dîner bistronomique chez Inari, aux saveurs franco-vietnamiennes précises et gourmandes, avant de profiter d’une bonne nuit à l'hôtel Le Cloître, une institution.  

Rue à Arles, porte d'entrée des Parcs régionaux de Camargue et des Alpilles

Jour 2 : d'Arles aux Saintes-Maries-de-la-Mer, l'appel de la Camargue sauvage

Nous sommes prêts pour notre grande aventure. Nos vélos électriques chargés, nous nous élançons vers le cœur de la Camargue. Tenzin est au guidon d’un VTC électrique Moustache, notre fille Lhamo pédale sur un VTT électrique Lapierre 24 pouces, et ma monture est le fameux VTT long tail Yuba, avec sa plateforme arrière pour porter nos affaires, dans un grand duffle de 130 litres dans lequel nous nous payons le luxe de réunir des vêtements pour toute la semaine, un ordinateur et cinq livres. L’étape est de 45 km, soit environ 3 heures sur le vélo. 

Nous quittons les berges du Rhône avant de rouler au milieu des rizières. Le Domaine de Méjanes nous accueille pour une pause déjeuner bien méritée, accompagné du son flamenco de deux guitaristes acoustiques. Au menu, gambas flambées au Ricard ! Nous visitons le Musée Paul Ricard dédié au fabuleux destin du fondateur du Ricard. Nous nous baladons ensuite dans le Domaine et observons les chevaux blancs typiques de Camargue et les taureaux. Nous poursuivons par une magnifique chemin carrossable sablonneux en bordure de l’étang de Vaccarès, la piste des cinq gorges, qui nous offre notre premier grand spectacle : des flamants roses se prélassant dans les eaux peu profondes, leur plumage rose contrastant avec le bleu du ciel. 

Nous retrouvons bientôt une petite route goudronnée qui nous mène aux Saintes-Maries de la Mer. L'église fortifiée qui domine le village, véritable sentinelle face à la Méditerranée, veille sur notre première soirée en bordure de mer camarguaise. Nous nous baladons le long des quais et dans les ruelles du centre du village, encore animé malgré la fin de saison (2ème semaine de la Toussaint). Au menu de ce soir, un grand plateau de fruits de mer.  

En bordure de l'étang de Vaccarès, en Camargue

Jour 3 : boucle autour des Saintes-Maries - Entre mer, Petit Rhône et rizières

Le soleil matinal nous trouve pédalant le long du littoral méditerranéen. La brise marine nous accompagne alors que nous longeons la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Les rayons du soleil dansent sur les vaguelettes, créant un spectacle hypnotique de reflets dorés. 

Quittant la côte, nous nous enfonçons dans un paysage tout autre : les rizières de Camargue. Ces damiers d'eau miroitante s'étendent à perte de vue, reflétant le ciel comme autant de miroirs posés sur la terre. La Camargue produit 98% du riz français, ce qui représente quelques 12 000 hectares. La riziculture est rendue possible par l'ingénieux système d'irrigation utilisant l'eau douce du Rhône.

L'aventure prend un tour excitant lorsque nous atteignons le petit Rhône. Le passage en bac est un moment fort de la journée : nous observons, fascinés, le ballet des courants qui font légèrement danser notre embarcation. L’autre rive nous réserve une délicieuse surprise pour le déjeuner : la Cabane du Pêcheur, chez Za. Cette guinguette au charme authentique nous accueille dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Les pieds dans l'eau ou presque, nous savourons de la dorade et du turbot accompagné de riz de Camargue et de légumes à la plancha, arrosés d’un verre de Rosé de Camargue. Trois cavaliers arrivent tranquillement, descendent de cheval qu’ils attachent à une barrière en bois prévue à cet effet, avant de s’attabler en attendant l’arrivée du bac.  À chacun son style de monture chez Za !  

L'après-midi, après avoir fait la rencontre de nombreuses écrevisses sur les chemins, le jeu étant de ne pas les éviter autant que possible en zigzaguant (a priori, pari gagné !), les chemins entourés de roseaux, de tamaris et d’herbes de pampa nous conduisent au Parc ornithologique de Pont de Gau, véritable sanctuaire pour les oiseaux. Sur les sentiers aménagés entre les marais, nous marchons sur la pointe des pieds, jumelles en main. Le spectacle est époustouflant : parmi les centaines de flamants roses, certains se livrent à leur parade nuptiale, créant un ballet rose et blanc d'une grâce infinie. La saison des amours a lieu entre la fin du mois d’octobre et le début du mois suivant, quelle chance ! Les couples se forment, ils donneront naissance à de petits flamants dans quelques mois. Bec à bec, ils tournoient dans une chorégraphie bien réglée, avec des mouvements très décomposés, se répétant inlassablement ... C'est ainsi qu'ils vont se choisir. Les hérons cendrés se tiennent immobiles dans les roseaux, patients pêcheurs à l'affût. Notre Appli Merlin Bird nous aide à identifier les différentes espèces : canards chipeau, courlis cendrés, martins pêcheurs, bécassines des marais, aigrettes garzettes... Chaque observation est une nouvelle source d'émerveillement.

Le retour vers les Saintes-Maries-de-la-Mer se fait dans la lumière dorée du soleil couchant. Cette étape de 30 km nous a offert un condensé parfait de ce qui fait la magie de la Camargue : ses grands espaces, sa nature préservée tel un musée du vivant à ciel ouvert, ses ciels changeants et sa gastronomie authentique.

Au Parc ornithologique de Gau, en Camargue

Jour 4 : des Saintes-Maries au Salin-de-Giraud, sur la route du sel

Le ciel est bleu Azur alors que nous pédalons sur la piste des digues qui nous offre une perspective unique sur les étangs et la mer. Pause sur la plage, avant d’atteindre le phare de la Gacholle, entourée de salicorne. Ici, l’aspect de l’eau, de la terre, du sable, du sel et de la végétation rendent les lieux vraiment esthétiques et uniques. Nous poursuivons sur une digue qui se faufile un chemin entre deux étangs avant de faire une pause sur la mythique plage de Beauduc, l’une des dernières plages sauvages en France. Cette vaste étendue de sable bordée d’étangs a longtemps été un lieu de zone libre, de camping sauvage. Caravanes et toiles de tente ont habillé le paysage dès les années 1970. Les constructions populaires ont gagné du terrain, jusqu’à compter plus de quatre cents baraques, de tôles et de bois, de bric et de broc. Sans eau ni électricité. Depuis les années 2010, de nouvelles conditions d’accès à la plage ont été imposées. Les camping-cars et la plupart des cabanons ont disparu et contrairement à la période estivale qui voit l'affût de vacanciers, en cette période, nous sommes pratiquement seuls sur la plage, et voyons au loin quelques kite surfers. 

Nous atteignons bientôt les salins, véritables palettes d'artiste, déclinaient leurs nuances de rose et de blanc sous le soleil provençal. Nous déjeunons au Salin de Giraud, jeune village né à l’ère industrielle, à l'histoire indissociable de deux entreprises et de leurs cités ouvrières. Nous pédalons dans le quartier des corons, maisons unifamiliales étroites, à un étage, en brique rouge, avec un petit jardin potager à l'arrière, qui rappellent tant celles du nord de la France. Quelques kilomètres plus loin, les montagnes de sel scintillent comme des diamants bruts. Les bassins d'évaporation s'étendent à perte de vue, créant un paysage surréaliste aux teintes pastel. Le contraste entre les bandes et les montagnes de sel, le rose de l’eau et la terre est saisissant. Nous poursuivons jusqu’au phare de Faraman, le plus haut de Camargue, et l’immense plage du même nom pour une pause bien méritée, avant de rentrer au village de Salin de Giraud. 

Nous nous couchons tôt, vannés par cette étape dans le Wild, saine fatigue autant due au mistral et au soleil qu’au 50 km parcourus. 

Beauduc, l'une des dernières plages sauvages de l'Hexagone

Jour 5 : Du Salin-de-Giraud au Mas de l'Ange de Vaccarès - L'Est sauvage

La côte est de l'étang de Vaccarès nous révèle une Camargue encore plus secrète, moins fréquentée qu’à l’ouest. Les marais, refuge d'une faune diverse, nous offrent des moments d'observation privilégiés. Un vol de canards sauvages au-dessus de nos têtes marque le début de cette journée d'exploration. Puis vient la rencontre avec deux ragondins, suivie de la traversée de 4 sangliers juste devant nos roues (j'exagère à peine…) et quelques kilomètres plus loin d’un renard pas farouche. 

L’étape est courte aujourd’hui, avec une trentaine de kilomètres. Ce qui nous permet d’atteindre le Mas de l’Ange de Vaccarès en début d’après-midi, pour notre plus grand plaisir. Nous sommes accueillis par Sandrine, qui avec son mari, Jean Yves, sont les heureux propriétaires. Véritable coin de paradis sauvage, Le Mas de l’Ange du Vaccarès est une vaste propriété de 120 hectares bordant l’étang de Vaccarès. Tamaris, roseaux et oiseaux cohabitent dans cet authentique refuge privilégié de la faune régionale et des oiseaux migrateurs, un écosystème riche et diversifié. Nous séjournons dans une des magnifiques chambres de la bâtisse d’environ 1000m², avec une partie datant du 17ème siècle entièrement rénovée, au pied d’un splendide étang de 9 hectares. Nous découvrons le Domaine a pied, avec Jean-Yves, qui nous fait découvrir les secrets du marais, avec quelques pauses dans les observatoires disséminés ici et là. De retour, nous profitons du pool house en pierre pour nous reposer. Le soir venu, le feu crépite dans la cheminée et nous nous délectons de planches à base de produits locaux et d’une salade du jardin suivis d’une tarte aux pommes maison.

Entre étangs et marais salants, dans les environs de Salin-de-Giraud

Jour 6 : Retour vers Arles - La boucle est bouclée

Le retour rapide (17 km) vers Arles est l'occasion de visiter la ville plus en profondeur. Nous découvrons le cloître St Trophime avant de nous perdre dans le dédale de ruelles du quartier La Roquette, ancien quartier de pêcheurs et artisans devenu un quartier dynamique et bohème. En passant par le quartier de Méjan, nous entrons dans la librairie d’Acte Sud, un incontournable à Arles, avant la visite du Museon Arlaten, dans un bâtiment magnifique. Il renferme des collections sur la vie et les coutumes à Arles et offre de fait un éclairage intéressant sur le passé et les traditions de la ville. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de poursuivre vers Luma Arles, le musée d’art contemporain. L’étape à Arles se termine par un dîner à l'hôtel L'Arlatan dans un décor flamboyant réalisé par l'artiste cubain Jorge Pardo.

Mas de l'Ange de Vaccarès, en Camargue

Jour 7 : D'Arles à Saint-Rémy-de-Provence - L'appel des Alpilles

Changement radical de décor ! Les plaines de Camargue laissent place aux reliefs calcaires des Alpilles. Après 1h30 de petites routes et chemins carrossables entre oliveraies et pinèdes, Les Baux-de-Provence, perchés sur leur éperon rocheux, apparaissent par magie. Nous remontons les ruelles du village à pied, et malgré les nombreuses boutiques de souvenir qui ne sont pas sans nous rappeler le Mont Saint-Michel, la découverte reste agréable. La visite du château nous plonge dans l'histoire médiévale de la région. Pause déjeuner sur la terrasse ombragée des Baux Jus, une excellente adresse vegan, avant d’entrer dans les Carrières des Lumières pour visiter l’expo sur les Pharaons et l’autre sur les impressionnistes. Un must experience ! 

Il est temps de grimper au col séparant le sud du nord du massif, avant de descendre en direction de Saint-Rémy-de-Provence, capitale très chic des Alpilles. Dîner fameux sur l’immense terrasse du restaurant Les Pieds dans l’Eau.  

Pause dans une oliveraie des Alpilles

Jour 8 : Boucle depuis Saint-Rémy, les crêtes des Alpilles et le village d'Eygalières

De bon matin, direction le coeur du massif des Alpilles. En route, nous visitons le site antique de Glanum. D'abord oppidum celte, puis ville grecque et romaine, elle prospéra du VIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle apr. J.-C. Le site est célèbre pour ses "Antiques" : un arc de triomphe et un mausolée exceptionnellement préservés. Les fouilles ont révélé un centre monumental avec forum, thermes, temples et un sanctuaire dédié au culte des eaux. La visite de Glanum offre une immersion saisissante dans l'Antiquité, au cœur d'un paysage provençal typique des Alpilles. Le site, choisi pour sa source sacrée, dévoile l'intelligence des Anciens dans leur rapport à l'environnement. Bien que partiels, les vestiges racontent efficacement la vie d'une cité prospère où se mêlaient influences celtes, grecques et romaines. Les "Antiques", majestueux et remarquablement préservés, dominent le site de leur présence imposante. L'atmosphère paisible favorise une connexion authentique avec l'histoire, notamment à travers l'ingénieux système hydraulique antique.

Nous poursuivons jusqu'au col qui sépare le nord et le sud des Alpilles, et suivons une magnifique piste le long des crêtes, parfois sous la pinède, et d'autres fois dans un décor quasiment lunaire. Le panorama sur la Camargue au sud et le Mont Ventoux et le Luberon au nord-est est sublime. La piste descend ensuite en direction du village d'Eygalières et son vieux village perché dominé par la chapelle Saint-Sixte. Les ruelles étroites, les maisons en pierre, la vue panoramique sur les Alpilles et la plaine créent un charme paisible. Retour par une piste qui se transforme bientôt en petite route, entourée de vignes et d'oliviers.

Dans le massif des Alpilles

Jour 9 : La dernière étape - Saint-Rémy-de-Provence à Arles

Après avoir déambulé dans les ruelles du vieux village de Saint-Rémy, nous remontons en selle pour notre dernière journée d’exploration, qui va s’avérer aérienne ! Nous grimpons jusqu’aux crêtes par des chemins carrossables pentus, sous de belles pinèdes. De la-haut, le panorama est féerique ! On voit se détacher l’imposant Mont Ventoux au nord, mais aussi les crêtes du Luberon à l'est, tandis que l’immense plaine de Camargue débute quasiment à nos pieds, et s'étend à l’infini au sud. Nous profitons de cette vue splendide durant une bonne heure et demie, alors que nous longeons tranquillement les crêtes, avant de descendre et de couper plein sud en direction du village provençal de Maussane. Nous poursuivons notre chemin au milieu des oliveraies à perte de vue, qui finalement laissent place aux pinèdes, avant de retrouver la route qui nous ramène à Arles dans une douce mélancolie, chacun ressassant ses moments préférés de cette aventure familiale unique.

Sur la piste des crêtes, dans les Alpilles

Conclusions de notre repérage 

Ce périple à vélo électrique nous a permis d’explorer plus profondément la Camargue et les Alpilles, à un rythme idéal pour apprécier chaque instant. Les vélos électriques ont rendu l'aventure accessible à toute la famille, nous permettant de parcourir de plus longues distances et de grimper sur des pistes pentues dans les Alpilles, tout en profitant pleinement des paysages.

La diversité des terrains, des écosystèmes et du patrimoine culturel fait de cet itinéraire une expérience complète, où nature et histoire s'entremêlent harmonieusement. Des flamants roses de Camargue aux vestiges romains d'Arles, des salins étincelants aux reliefs majestueux des Alpilles, chaque jour nous a réservé son lot de surprises et d'émerveillement.

Une chose est sûre : cette aventure restera gravée dans nos mémoires comme l'une de nos plus belles expériences familiales à vélo, prouvant que le slow tourism à vélo électrique est une manière idéale de découvrir les trésors de notre belle Provence.

Conseils pratiques pour les futurs voyageurs :

  • Prévoir suffisamment d'eau, car vous trouverez peu de points de ravitaillement
  • Ne pas oublier la crème solaire 
  • Vérifier la charge des batteries chaque soir
  • Prévoir des vêtements adaptés aux changements météorologiques
  • Emporter des jumelles pour l'observation des oiseaux
  • Se munir d'un anti-moustique en Camargue

Alexandre
Ecrit pour Itinérances. Le blog du voyage en quête de sens

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